Et rêver! (Catherine 5/5)
- Les Cueilleurs d'Histoires
- 13 janv. 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 mars 2021
Voici la dernière étape de notre parcours avec Catherine, où il est question de rêve, d'ambition et d'envie.

A l’adolescence, on ne voit que les côtés négatifs d’être Turque parce qu’on n’a pas le droit de faire grand chose, on est une femme, on est née pour avoir des enfants et rester avec son mari. Et puis, les choses changent, mais il faut de la persévérance, c'est comme grimper une montagne parfois et il faut savoir saisir les opportunités.
Quand j’étais à la fac, la police cherchait une interprète, le doyen de l'université, avec qui j’avais de bonnes relations, m’a proposé d’aller au tribunal pour être interprète. Encore une fois, ça me permettait de rentrer à la maison plus tard ; et j’aidais des gens qui étaient en détresse, et puis on sert l’État. L’État, il faut y contribuer. Dans les quartiers, on n’aime pas la police ; les tribunaux, il faut s’en tenir éloigné... Moi, je pense que les forces de l’ordre sont là pour nous protéger. Travailler avec elles, voir comment elles travaillent, voir un autre monde, c’est une fierté.

La multiculturalité, c’est aussi un aspect de mon travail. Pro Food center, l'enseigne pour laquelle je travaille, c’est un supermarché avec 3 antennes. L’entreprise est gérée par trois frères et un beau-frère qui ont grandi au Bois de Bléville. Ils ont l’ambition de se développer, de créer des emplois.
Le plus important pour moi, c’est de pouvoir intégrer les jeunes.
On a beaucoup de demandes de stages, des CV qui nous sont amenés par des jeunes, des femmes voilées... Ce que j’essaye de porter, ce qu’on privilégie c’est la diversité : ce n’est pas parce qu’on porte le voile qu’on n’a pas le droit de travailler, ce n’est pas parce qu’on est un arabe qu’on n’a pas le droit au stage.
Au total, on est une soixantaine de salariés. L’entreprise se développe.
"Mon rêve, aujourd’hui, c’est de faire passer un message : dire aux gens : quand vous allez travailler, soyez heureux !"
Mon rêve c’est aussi de réussir, il y a toujours cette ambition : passer mon master, servir d’exemple. Mes garçons, ils étaient tellement contents quand je suis passée cheffe de projet. C’est aussi une fierté pour eux de voir leur maman réussir et j’espère que mes garçons vont favoriser l’égalité des femmes et des hommes.
Si je devais donner un conseil aux collégiens, ce serait principalement à leur famille. Je leur dirais : « Soutenez vos enfants ! » L’éducation vient des parents, pas des professeurs.
Il faut soutenir les enfants, il faut leur apprendre que l’école n’est pas une punition mais un lieu de vie, il faut leur faire aimer tout ça.
Je dirais aux collégiens de ne pas baisser les bras :
« Battez-vous, battez-vous jusqu’à obtenir satisfaction, jusqu’à aller au bout de vos rêves ».
Tout le monde rêve, c’est obligé ! Il faut courir derrière ses rêves. Et quoiqu’il arrive il faut se battre pour les réaliser. Tout est possible dans la vie.
Moi, j’ai accompli une partie des miens, surtout celui de l’indépendance… Reste le Master… encore les études !
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