De l’avantage d’avoir grandi dans un quartier... (Pedro 2/5)
- Les Cueilleurs d'Histoires
- 2 févr. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 mars 2021
Où l'on comprend que grandir sur un quartier développe une forme d'agilité dans les relations humaines.

Certaines situations, certaines compétences que j’ai pu mettre en œuvre, ça m’est arrivé de me dire que la vie de quartier n’était peut-être pas étrangère à ça : l’adaptabilité; alors c’est peut-être un trait de caractère, c’est peut-être en partie inné, mais en même temps, c’est très construit et j’ai pu observer ce même trait de caractère chez des camarades qui avaient vécu dans le même environnement que moi. Il y a aussi le côté « démerde ».
"Souvent, venant d’un quartier, on est vu comme le « jeune de quartier », mais derrière le jeune de quartier, il y a une grande diversité culturelle, de parcours."
Et je me suis souvent rendu compte, en arrivant à François 1er, que beaucoup des élèves qui venaient de collèges de centre-ville, se ressemblaient beaucoup et avaient moins l’habitude d’être confrontés à la diversité. J’avais cette capacité d’adaptation qu’eux avaient moins.
Aujourd’hui, je vois bien que dans les relations publiques, j’ai cette aptitude à discuter avec un ministre, puis avec un jeune de quartier rencontré à l’occasion de tel ou tel évènement. Ça, c’est vraiment une force.
L’autre chose que je pointerais du doigt, dans le même esprit que la « démerde », c’est cette idée qu’il faut que tu comptes sur toi pour y arriver. Ce n’est pas la peine de chercher des excuses, de toutes façons, si ça ne marche pas, c’est toi. Ce n’est pas la peine de regarder s’il y a quelqu’un d’autre à qui faire porter la responsabilité. Et ça, ça donne une vraie force dans le fait d’entreprendre, ce qui, d’ailleurs, est vérifié : dans les quartiers : ça innove, ça entreprend, ça sait aussi mener des entreprises risquées dans le sens où il est bien plus facile d’ouvrir sa boite quand on a un petit apport avec des parents derrière qui assurent si ça ne se passe pas bien.
Le jeune de quartier, qui a emprunté un peu d’argent à des copains, et qui y va… et bien il y va ! Je pense que l’environnement quartier génère ce genre de mentalité.
Quand j’étais élève, je me faisais remarquer par mon côté insolent, davantage à la fin de mes études ou dans le milieu professionnel d’ailleurs. Jeune, de par mon éducation, j’étais insolent dans ma tête. Je me gardais bien de l’exprimer verbalement parce que ça aurait été des pièces à conviction dont mon père se serait emparé et je pense que j’aurais passé un mauvais quart d’heure. J’étais un élève sage et plutôt apprécié, mais au collège, ce besoin de m’affirmer dans la vie s’est manifesté : petit regard insolent... et au lycée, là, j’étais dans l’insolence du petit jeune de quartier qui arrive dans un monde un peu hostile, mais j’ai toujours essayé de contrebalancer avec ce que j’étais par ailleurs, à savoir quelqu’un de plutôt ouvert, affable.
"Cette insolence, j’en ai fait une force pour revendiquer ma différence".
Quand je ne suis pas d’accord, je le dis et j’en assume les conséquences. Ça me permet d’avancer la tête haute sans me poser trop de questions sur la manière dont on peut interpréter tel ou tel comportement.
Quand je parle d’insolence, je ne maltraite et ne méprise personne, c’est la petite remarque un peu plus acide, la revendication, la contestation et surtout, ce que je conteste souvent, c’est la légitimité prétendue de certains. Je n’oublie pas d’où je viens et je pense que l’insolence trouve son origine à cet endroit-là.
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