Devenir adulte (Orhan 4/5)
- Les Cueilleurs d'Histoires
- 25 janv. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 mars 2021
Orhan a terminé ses études et vient un moment où il faut devenir adulte, grandir, trouver un emploi, et c'est bien aussi.

"Je me suis mis à la recherche de travail. Personne ne me connaissait. C’est dur de trouver son premier emploi."
Je commençais à baisser les bras. On se dit : « Merde, qu’est-ce qui se passe ? C’est peut-être là où j’habite, c’est peut-être mes origines... »
Et puis... je suis d’origine turque, j’ai fini par trouver un emploi en conduite de travaux dans une petite entreprise de bâtiment. Le patron a décidé de me prendre, sans expérience.
Les missions d’un conducteur de travaux, c’est de trouver des chantiers, faire les devis. Puis, il met en place tous les moyens humains et matériels pour la bonne réalisation du chantier. Il pilote le chantier, ramène le matériel, le commande au bon endroit, au bon prix, il envoie les bonnes personnes au bon moment pour la bonne réalisation du chantier afin de faire gagner de l’argent au patron.
Je suis resté 7 ans dans cette entreprise. J’ai vu que j’avais fait le tour, j’ai décidé de monter ma propre société qui est devenue concurrente de mon ancienne société : bien entendu, on fait ce qu’on sait faire ! Sauf que cette fois-ci, on se dit qu’on va vraiment gérer comme on en a envie notre société.
Ce qui est important à ce moment-là, c’est d’être futé. C’est le réseau, c’est d’être malin. Les premiers contrats, c’est la chance. C’est ma belle étoile. J’ai démarché, ça a marché.
Je ne faisais pas d’heure : c’était le matin à 7h le soir, 21h, 22h.
Aujourd’hui, on est entre 15 et 20 salariés, 1 million de chiffre d’affaire.
Il y a encore possibilité de faire mieux. On fait un million, on ne se dit jamais que c’est terminé. On veut faire 2 millions puis ce sera 4…
Après, il va peut-être se passer la même chose que ce qui s’est passé dans mon ancien emploi, je ne vais plus aimer ce que je fais. Quand on travaille, le but c’est vraiment de faire ce qu’on aime. Si un jour je n’aime plus ce que je fais, même si je gagne 10 000€ par mois, j’arrêterai.
"J’habite au Montgaillard. C’est un choix d’être assez proche de là où j’ai grandi, je suis là où sont toutes mes racines, mais ça aurait été compliqué pour moi de continuer ma vie au Bois de Bléville."
Ça y est, on a grandi… Il faut tourner la page, franchir un cap, sortir de sa coquille. Notre quartier, ça reste notre coquille, c’est là qu’on se sent bien, on n’a pas envie de le quitter, mais il y a un moment où il faut le quitter parce que les enfants qu’on était dans ce quartier ils sont remplacés par d’autres enfants, il faut laisser la place à d’autres personnes.
Mais ici, dans mon environnement, je suis bien, je connais le milieu. Moi, je n’aime pas voyager, je n’aime pas sortir de mes habitudes, je n’ai pas forcément envie de découvrir de nouvelles choses, je n’ai pas envie d’aller me promener à Bordeaux et de me retrouver dans un restaurant que je ne connais pas et qui me sert un plat pourri. Je préfère aller dans un resto que je connais au Havre où j’ai mes habitudes.

Qu’est-ce que je vais aller faire en Italie… je ne sais pas parler italien ! On est tellement bien dans notre coquille, notre quartier, on est tellement bien dans notre environnement qu’on a peur un petit peu de sortir et de voir ce qui se passe ailleurs.
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