Iman, la "Marougienne", fière de l'être (Iman 1/5)
- Les Cueilleurs d'Histoires
- 17 mars 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 mars 2021
Une adolescente joyeuse qui passe du bon temps entre ses amis, sa famille, le collège Jean Moulin... et qui voue une grande passion à la gymnastique!

J’ai 33 ans, j’ai grandi à la Mare Rouge. C’est un quartier que j’affectionne beaucoup, c’est tous mes souvenirs. Je suis allée à l’école Renaissance puis au collège Jean Moulin et ensuite au lycée Claude Monet. Mon parcours au Havre s’est terminé quand j’ai fait mes études de médecine en première année à Rouen.
Les souvenirs de ce quartier, c’est les jeux dehors. Notre terrain de jeux, c’était devant la maison, tous les enfants issus de toutes nationalités... on jouait ensemble, des fois jusqu’à pas d’heure !
Quand j’étais au collège, je traînais énormément dans mon quartier : la Boule, la fameuse Boule et ses jeux. Maintenant, ça n’existe plus, c’était le champ Malherbe, une espèce de champ paumé avec plein d’arbustes dans lesquels on jouait à cache-cache.
Ça ne m’a pas du tout gênée à cette époque de rester dans mon quartier, au contraire j’avais l’impression qu’on était une petite famille, on connaissait un peu tout le monde.
Les moments marquants du collège, c’est les rigolades, les heures de colle parce qu’on était très bavardes avec les copines… En tous cas, je retiens qu’on a eu une éducation tout à fait correcte. Je n’ai jamais eu l’impression d’être à la ramasse par rapport aux élèves d’autres lycées. Je n’ai jamais ressenti qu’on était amoindris du fait d’être dans une ZEP.
Je me souviens de Monsieur Mouchel, il était CPE à Jean Moulin. Il prenait le temps d’écouter ses élèves. J’ai vraiment senti l’accompagnement pendant cette période du collège.
Je pense que j’avais des facilités parce que j’ai compris en première année de médecine ce que c’était que de bûcher. Plus jeune, je ne prenais pas beaucoup de temps pour les révisions et les devoirs. J’avais une rigueur et j’arrivais à intégrer facilement les cours. Et puis j’étais poussée par mes grandes sœurs. Ma mère et mon père, au début, ne parlant pas très bien français, les devoirs, c’était exclusivement mes grandes sœurs. J’en avais un peu la trouille, donc, il fallait que ça file droit.
Des moments pénibles… non… oui ! J’avais un appareil dentaire, alors j’étais moquée ; et à un moment donné ma mère m’avait coupé les cheveux très courts, j’ai eu droit à quelques moqueries, mais je n’ai pas du tout de mauvais souvenirs.
"L’élément primordial pour moi dans ces années, ça a été mon inscription à la gym."
J’ai pratiqué entre 12 et 14h par semaine de mes 7 à mes 17 ans. Pour moi, la punition, c’était que ma mère me dise : « Si t’as pas fini tes devoirs, tu ne vas pas à la gym ».
C’est la gym qui m’a appris la rigueur. Ce n’est pas un sport individuel, au contraire, c’est vraiment un sport d’équipe. Il faut pousser au maximum ses limites ; ça a été très important dans ma vie. Je reste très attachée à la gym, je vais voir mon ancienne prof de gym, je fais de temps en temps kiné, médecin de salle de sport lors des compétitions.
En plus, ça développe l’esprit de compétition x20 000 !
Pourtant, ce n’était pas facile à intégrer financièrement pour ma mère parce que ça a un coût : la licence, les justaucorps, les manicles...
J’ai l’impression que j’ai quelque chose à prouver à ce quartier, j’aimerais aller voir les jeunes qui sont dans la plainte et leur dire : « Vous avez des structures sportives, des terrains de jeux, des écoles. Secouez-vous ! Vous pouvez y arriver ce n’est pas parce qu’on est «Marougien», «Marougienne», qu’on est en bas de l’échelle sociale. Il suffit d’être motivé et puis si on n’a pas les facilités, il y a la possibilité d’avoir des tuteurs, de se faire aider ». Moi, si c’était à refaire, je repartirais à Jean Moulin.
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