Money, Money, Money et vocation (Orhan 1/5)
- Les Cueilleurs d'Histoires
- 25 janv. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 mars 2021
Aujourd'hui, nous faisons la connaissance d'Orhan. Il a 30 ans, et il est à la tête de la société O Façades qu'il a créée.

J'ai grandi au Bois de Bléville. Les souvenirs que j'en ai, ce sont ceux d’une enfance heureuse, beaucoup d’amitiés, des liens très forts avec les amis ; après, économiquement, ce n’était pas toujours facile. Mon père était maçon, il a toujours travaillé, mais on n’avait pas tout ce qu’on voulait. Ma mère était au foyer.
J’ai deux petits frères. J’aurais bien voulu avoir un grand frère sur lequel j’aurais pu me reposer, un grand frère qui m’aurait guidé, tenu par la main, qui m’aurait aidé à grandir. Je n’ai pas eu ça, j’ai trouvé le chemin tout seul.
Je me souviens, quand j’étais en 6ème, il y avait le grand frère d’un de mes amis qu’on pouvait prendre en exemple : il faisait des études, il était bon à l’école. Et puis, au bout d’un moment on prend exemple sur quelqu’un d’autre et petit à petit, ça nous forge et on trouve le chemin.
On avait des voisins qui étaient aussi d’origine turque, on habitait dans le même immeuble. Quand j’avais 14,15 ans, lui était à l’université. C’était des gens qui n’étaient pas de notre famille, mais on était très proches, je considère la mère de cette personne comme ma grand-mère. C’est lui qui m’apprenait certaines choses en mathématiques. Il m’aidait à faire mes devoirs.
Il est parti à Paris pour étudier, il a fait une classe préparatoire. Ensuite il a fait une école d’ingénieur et par la suite il est parti aux États-Unis.
Les États-Unis on ne les voit qu’à la télé ! C’est la réussite ! Ce jeune-là, il n’avait que sa maman, deux grandes sœurs et un grand frère. Ils avaient des revenus malheureusement faibles puisque personne ne travaillait : le papa était décédé. Le fait qu’il réussisse, on se dit que nous aussi on peut y arriver.
"Il est toujours aux États-Unis, il travaille, il a fait sa vie là-bas. C’est un ingénieur en informatique, il travaille chez Amazon".
Le chemin, il est continu tout au long de notre vie, on a un chemin à faire, on ne peut pas dire: « ça y est aujourd’hui j’ai tout ce que je veux ». Aujourd’hui, j’ai une situation, je suis gérant d’une société, mais j’ai envie de faire quelque chose de plus gros. Il y a toujours quelque chose en plus : on a envie d’avoir une plus grosse société, d’embaucher plus de gens, de travailler encore plus, de gagner plus d’argent. Ça ne s’arrête jamais.
Quand on est jeune, le seul objectif qu’on a, c’est de gagner de l’argent.
Puis, on s’aperçoit que l’on en gagne plein ou pas plein, il y a peu de choses qui changent.

Entre moi, gérant d’une société, et mes salariés, il n’y a pas une grande différence au niveau de la vie : on travaille au même endroit, moi je suis dans un bureau certes, eux sur le chantier, pour certains, ils ont quasiment la même voiture, ils mangent comme moi, j’habite en appartement, eux aussi, je pars en vacances 1 fois par an, voire moins, alors qu’eux prennent leurs congés tous les 12 mois. L’argent ce n’est pas tout.
"J’ai toujours voulu être gérant, avoir un magasin, une entreprise."
Quand j’étais au collège, j’avais une orientation à prendre. Le but primaire c’était d’avoir un travail à la fin, j’ai regardé dans quel secteur je pouvais m’en sortir le mieux, où je pouvais bien gagner ma vie.
Je suis d’origine turque et les Turques, les Portugais, c’est des gens qui sont beaucoup dans le bâtiment. Je me suis dit que grâce à mes origines, grâce au fait que mon père travaillait dans le bâtiment, j’allais avoir de l’aide, que j’allais être dans un milieu qui me connaîtrait et que je serai accepté. C’était aussi un secteur où il y avait de sacrés débouchés, il manquait de gens, c’est toujours le cas d’ailleurs… C’est comme ça que c’est venu.
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