Un drame qu'il faut surmonter. (Maïmouna 2/5)

Un terrible évènement vient frapper la vie de Maïmouna qu'il va lui falloir surmonter.

Il y a des enseignants qui m’ont marquée : ils avaient ce rôle de prof et ils savaient nous écouter, ils savaient prendre conscience que la vie est parfois difficile et que ça peut jouer sur les notes, sur notre réactivité en cours. Ils ont su écouter, avoir ce rôle de psychologue pour savoir pourquoi ça n’allait pas, sans nous juger.

Quand j’ai eu 13 ans, j’ai perdu une sœur.

Bien sûr, le retour à l’école a été très compliqué. Ça a été dur de rebondir, et impossible de reprendre la vie comme avant, les notes chutaient, certains ne comprenaient pas pourquoi ; en fait, pour eux, ça allait un temps, mais au bout d’un moment, il fallait que ça revienne à la normale. Quand c’est arrivé, je n’avais plus envie de rien. Même à la maison, c’était compliqué, de revenir et de voir qu’elle n’était pas là.

Ce qui m’a fait avancer, dépasser ça, c’est d’avoir parlé avec des professeurs, avec mon frère aussi, ça m’a ouvert l’esprit, je me suis dit :

« La vie continue, il faut rebondir »

Et j’ai pensé à ma sœur, si elle me voyait comme j’étais, elle n’aimerait pas, du coup, je me suis ressaisie. Je n’ai pas retrouvé mon niveau d’avant, c’est sûr, mais c’était beaucoup mieux.

Ça a duré 1 an et demi environ. J’étais en 4ème. C’est vraiment à la fin de la 3ème que je me suis ressaisie. Je m’étais vraiment recentrée sur ma famille pendant cette période, c’est de là qu’est majoritairement venu le soutien. La solidarité, l’attention du quartier, ça fait aussi. A l’école, on nous apprend des choses dans les manuels, au quartier on apprend la solidarité, on apprend à aider son prochain.

Et en même temps, certains nous font comprendre que venant de tel quartier, on a des parents immigrés, ce qui fait qu’on n’ira pas loin. D’ailleurs, ça, c’est aussi dans le quartier :

« Mais pourquoi vous allez à l’école ? Ça ne sert à rien, sauf à perdre votre temps. » Les gens nous disent : « Restez ici », mais en fait rester ici pour faire quoi ?

Moi, je ne juge pas la vie de mes parents, leur éloignement avec leur famille, il n’y avait pas le choix, mais je ne veux pas de cette vie-là et j’ai l’impression que de faire des études, ça fait une différence. Déjà, on sort du quartier, on voit autre chose, on apprend aussi par ce qu’on découvre.