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Hubert Robert - Incendie de Rome.jpg

Hubert Robert, L’incendie de Rome, vers 1771, Huile sur toile, avec cadre 100x118cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux © 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn

L'EMEUTE

" Premières impressions

 

C’est une scène de révolte, de violence, on dirait la guerre.

C’est sûrement avec le gouvernement. On dirait derrière un reflet, du feu.

Ça date de l’Antiquité grecque : la tenue des gens, la forme des bâtiments, les colonnes…

Ils se révoltent parce que la vie est trop chère, parce qu’ils sont trop sévères, qu’ils les maltraitent, Ils… c’est le gouvernement, ceux envoyés par le gouvernement, les policiers de l’époque.

 

 

Des personnages

 

Au milieu, c’est une mère, elle tient la main de son enfant peut-être. Elle n’est pas dans une bonne situation, prise par les flammes. Elle était peut-être partie faire les courses et là elle veut fuir avec son enfant, rentrer chez elle.

 

Il y une scène de bataille, deux personnes sont prêtes à en découdre, derrière le Général. Il y en a un proche de lui avec la main levée… ils ne sont pas copains, copains… En haut, j’hésite, c’est peut-être le général de guerre qui prône la victoire. À la tenue, on voit que ce n’est pas quelqu’un du gouvernement, après, dans l’attitude, on dirait quelqu’un du gouvernement. Si ça se trouve, c’est un bon émeutier. Il fait partie de la Cité, du bled… Il est habillé comme tous les paysans avec la robe bizarre. Il lève sa main en haut, il est fier, il a été peint en haut pour qu’on le voit bien, il est sur le porche. C’est lui le personnage principal.

J’ai envie que ce soit un émeutier pour qu’il gagne, mais je pense que c’est plus le général, le chef de guerre.

Je voudrais que ce soit les émeutiers qui gagnent, c’est eux qui sont persécutés. C’est rarement eux qui gagnent, comme par exemple en ce moment les bavures policières, c’est toujours les policiers qui s’en sortent facilement. En fait, je ne pense pas que c’est un général. Je pense que c’est un émeutier qui est content. Ou peut-être qu’il dit au revoir à ceux qui embarquent : « Ciao Amigo »… ou sinon, le Général peut dire aussi « Attrapez-les ! »

 

Il y a des personnes en bas, elles se sauvent. Il y a un homme, on dirait que c’est sa femme qui était avec l’enfant. Il l’appelle, il va la sauver, il va à la rescousse. On a l’impression qu’il crie, il parle avec ses mains : « Viens ici, qu’est-ce que tu fais ici, viens, on rentre ! ».

 

 

L’émeute

 

A droite, c’est un monument, peut-être une mairie, une église, un sénat, ce qui est politique et ils ont fait exprès de manifester devant pour montrer leur détermination. C’est comme ça qu’ils vont se faire entendre, être pris au sérieux.

 

Qu’est ce qu’il a voulu dire le peintre ?… peut-être que la violence ne mène à rien ? Il vaut mieux faire comme la femme, rentrer. Moi, je dis… parfois ça sert. Si ça ne fait pas d’émeute, ils ne vont jamais nous écouter. Le système il n’est pas bien… le gouvernement...

A cette époque, quand tu es pauvre tu meurs, quand tu es riche, t’es bien, quand t’es entre les deux c’est chaud… on ne mange pas à sa faim, mais on mange, c’est la survie.

J’ai envie que ça raconte que ce sont les émeutiers qui ont gagné, qui ont eu ce qu’ils voulaient. Après, certains vont être emprisonnés et là-bas, il n’y a pas de télé, de parloir, de gamelle ou de téléphone. Eux, c’est la vraie prison, Guantánamo ! Ici, c’est la vraie prison mais avec le confort.

Je n’aimerais pas être emprisonné en Amérique. Là-bas, ils sont 5 en cellule, pour sortir, il faut qu’ils payent une caution chère, les peines… déjà ici… je ne fume pas, mais pour un tout petit peu de substance illicite, ici, on dit que c’est pour la consommation personnelle, on a un rappel à la loi. Là-bas, c’est détention de drogue, ils prennent 5 ans pour ça, même pour bagarre ! Ils n’ont pas la télé sauf s’ils ont beaucoup d’argent, il n y a pas de cantine, ils mangent la gamelle.

On voit les reportages, ils prennent des 60 jours à l’isolement...

 

C’est sombre parce que c’est une guerre, ça fait peur, ça ne va pas être la vie en rose. Ils ont mis des bonnes couleurs : le ciel gris, la fumée…

Il y a une barque… il y en a qui prennent la fuite, ils se barrent du pays, ce sont plutôt les émeutiers, enfin les citoyens… ce n’est pas le gouvernement, eux ils sont bien, ils ne perdent jamais… jamais. Ah si ! un exemple, dans mon pays, le président Ben Ali, il a perdu parce qu’il volait l’État. Mais, si on regarde les gilets jaunes… Macron, il est resté en place, pourtant ils étaient déterminés, c’était violent, des policiers sont venus piétiner quand même.

 

C’est le soir, il est 2,3 h du matin, ils ont planifié leur plan, je pense que les autorités ne sont pas intervenues. Peut-être qu’ils attendent des renforts, ils savent que c’est un guet-apens.

Le feu, c’est la révolte. Ils n’aiment pas quand on brûle. Quand on brûle quelque chose, c’est l’état qui paye, la mairie, l’assurance, donc l’État n’aime pas ça, ça l’agace. Il préfère quand c’est nous qui payons les amendes... alors on brûle pour rentabiliser, mais on ne le fait pas gratuitement. On fait ça pour se faire entendre. Si on manifeste de manière… un peu comme les vieux… « Ahhhh », ça va passer, mais si on manifeste, on brûle, et que les médias s’en mêlent, on a gagné. Ils n’aiment pas du tout ça, ils vont tout faire pour que ça se calme, ils vont envoyer les gros poissons, les grosses pointures, les ministres… ceux qui ont le bras long. Et là, on a gagné. Après, ça change pas grand-chose dans les actes.

Au final, sans la violence, on ne se fait pas entendre, avec la violence, on est mal vus.

 

 

Kery James, la musique et les séries

 

Une musique… ce serait Kery James, Lettre à la République. « La tolérance hypocrite… vous avez bâti sur le sang… maintenant s’érigent en donneurs de leçons… Nous les Noirs et les Arabes, on n’est pas là par hasard, chaque arrivée a son départ... ». Ça parle vraiment du gouvernement, de la manipulation.

C’est aussi la fin du film Banlieusard, c’est Kery James qui l’a créé, il joue dedans. Lui, c’est le grand frère qui est dans la délinquance, la drogue tout ça, il a un petit frère qui travaille très bien, un frère modèle et un autre qui est en 3ème qui divague un peu, qui prend le chemin du grand frère. Je l’ai regardé en boucle. C’est un peu mon univers de quartier. Je reconnaissais des choses : le quartier, le langage, le style vestimentaire, la moto, le scooter, des choses un peu illégales, malheureusement, le trafic, la violence.

Les films sur la banlieue, ils ont fait un carton, même ceux qui ne sont pas de la banlieue, ils doivent kiffer. La banlieue, c’est la vie, c’est le centre de la France, il y en a partout !

 

La série Murder aussi j’ai vraiment bien aimée. C’est une série d’avocats. J’aimerais bien l’avoir comme avocate… elle me sortirait de là ! Pour être une bonne avocate, il faut l’éloquence, la prestance, l’espérance… pour la rime, la détermination et bien connaître le dossier."

La Rue

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