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"Le Chaudron"

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La balade du Chaudron

 

J’aime bien faire cette balade qui descend juste derrière... il y a cet endroit qui s’appelle Le Chaudron. C’est magique. La descente est assez raide mais elle nous offre un paysage magnifique jusqu’à Fécamp. Il faut descendre un petit chemin tortueux. Et puis, il y a un petit tunnel qui amène à ce lieu-dit : Le Chaudron. Ça a vraiment la forme d’un chaudron. À marée haute et en temps de tempête, ça fait une espèce de bouillon.

En fait, de l’autre côté de l’Aiguille, vers Fécamp, c’est un tout autre paysage. Quand j’ai des amis qui ne connaissent pas Étretat, c’est là-bas que je les emmène. C’est moins connu et c’est grandiose. Ça nous dépasse.

C’est grandiose et à la fois apaisant, mais exaltant aussi. Exaltant parce que quand on arrive sur ce petit chemin, on voit vraiment la crête des falaises assez fine et dentelée. Je trouve ça délicat, et à la fois massif et imposant, plein de poésie. Et avec ce ballet de goélands qui vont, qui viennent, qui sont complètement à leur aise dans ce milieu, on a un spectacle gigantesque à 360°, quel que soit l’endroit où l’on regarde, c’est magique.

Quand on est en bas, on ne voit pas les terres. On se sent tout petits en levant les yeux avec les hautes falaises, c’est pareil si on se tourne et que l’on voit l’étendue des paysages vers la mer.

En temps de grosse mer, c’est magique d’y aller. Il y a les vagues qui claquent, ça bouillonne. On voit pourquoi ça s’appelle Le Chaudron. On peut faire une boucle à marée basse, et rentrer par la plage. Il y a un côté rigolo pour les enfants, crapahuter, sauter un peu de la falaise, et se retrouver dans un endroit unique. C’est plutôt des souvenirs chaleureux et partagés cet endroit.


 

L’envers de la médaille

 

Malheureusement, cet endroit est de plus en plus connu...

Je vis de moins en moins bien d’habiter ici. Je m’interroge chaque été ; à la haute saison, j’ai des envies de déménagement. Quand je suis arrivée la première fois ici, je cherchais un endroit où me poser. J’ai vu la falaise, et je me suis dit : c’est là. Je me dis souvent : quelle chance d’habiter ici. Égoïstement, j’ai adoré le confinement de ce point de vue... c’était calme. On ne pouvait pas accéder à la mer, mais on pouvait profiter des paysages. J’ai rencontré des gens que je ne rencontre pas d’habitude. C’est comme si les « locaux » étaient sortis, comme s’ils se réappropriaient la ville.

Depuis quelques temps, on n’accède plus en voiture à la falaise. Pour moi, c’est un plaisir d’avoir une route libérée des véhicules et du bruit, de la contrainte d’avoir à se pousser sur la route, ça donne plus de liberté. Ça n’a jamais été une contrainte de monter à pieds puisque je ne suis jamais montée ici en voiture.


 

Les autres sensations

Et puis, il y a d’autres sensations, le bruit du ressac, celui des vagues, la sensation du vent sur la peau, parce qu’il y a très souvent du vent ici, les odeurs marines. Je trouve ça épatant, tant de beauté sur un espace assez limité.

Le souffle du vent qu’on entend va avec le bruit des vagues, va avec le paysage. Ça peut être plus désagréable quand il y a des rafales de vent et qu’en plus il fait froid… Le vent va avec le côté brut des falaises, majestueuses. Je trouve que ça fait une présence, quand on n’est pas tourné vers le village, qu’on a juste cette avancée de falaise avec le vent, c’est brut, ce n’est pas taillé par l’homme, les chemins sont entretenus par l’homme mais enfin… Au niveau des falaises, avec l’érosion on sent que c’est un paysage qu’on ne maîtrise pas.

On voit l’érosion, et on nous le rappelle fréquemment ; quand je vois les touristes s’approcher des falaises, avec le risque d’éboulement, de chute... , je me dis : ils ne se rendent pas compte de la fragilité du terrain. Je ne sais pas si c’est de la fragilité, c’est peut-être juste un processus naturel qui a fait qu’on a une aiguille, le processus naturel continue, et on ne le maîtrise pas. Avec la montée des eaux, le comportement de l’homme et le réchauffement climatique, on aura certainement des conséquences sur le paysage, mais on a aussi un processus inéluctable qui frappe la falaise. L’Aiguille ne sera certainement plus là dans quelques temps.


 

Une habitante du littoral

Moi qui viens de la région Centre, aujourd’hui ça me manque de ne pas avoir cette ouverture, ça fait comme une fenêtre. Je me dis que je n’arriverais pas à revivre dans les terres. C’est une fenêtre vers ailleurs. On a finalement une ligne d’horizon, mais le paysage est très changeant, et ça c’est super. On n’a jamais le même paysage, jamais les mêmes couleurs, parfois on a le ciel qui se confond avec la mer et on a l’impression, quand on voit des bateaux au loin, qu’ils sont suspendus dans le ciel.

Pendant le confinement, je l’ai moins vue parce que l’accès aux randonnées était interdit, je ne me suis pas permis d’y aller, on arrivait aux pieds du Perrey, on regardait la mer derrière les barrières ; il y avait un côté punition.

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Anne-Sophie, Étretat

Le  22 mai 

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