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"Il était une fois Étretat..."

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Images d’Étretat sur le chemin

Étretat… j’y viens assez peu. Je le visite avec des amis... J’ai le souvenir d’une tentative de photographie de mariage...

Je ne me souvenais pas qu’il y avait de la brique rouge, je pensais qu’on était sur des silex ; on a dans la tête les falaises et cette gamme de couleurs, je ne m’attendais pas à du rouge.

C’est ça Étretat : les grandes demeures, la couleur claire, les ardoises, la grande cheminée, les arrondis. Il y a un rythme sur les façades avec les briques rouges qui viennent délimiter les étages. Ça fait maisons de vacances, énormes villas, lieux de villégiature, les petits balcons avec la vue totalement ouverte. On est sur un promontoire, on voit bien la ville dans le creux et les deux versants de la vallée. Les grandes demeures sont en hauteur comme au Havre, avec les parcs autour, de grands arbres, c’est assez top! Ça raconte vraiment l’époque des vacances qui n’étaient pas pour tous, avec ce privilège de la vue, ce privilège d’être excentré, d’être un peu à la marge. Ce sont des maisons qu’on voit : il y a une posture sociale très forte.

On est dans la France pittoresque, traditionnelle, avec des fleurs bucoliques, le petit train... Il n’y a pas un élément, objet un peu choc qui viendrait me faire penser à autre chose. C’est harmonieux, tout est dans une continuité.

 

Choc esthétique

Enfin ! Il est là ce paysage. Il s’est fait beaucoup attendre...

Il y a un côté majestueux. Je reste bloquée. C’est en équilibre, ça tient à un fil, un rien pourrait tout chambouler et en même temps, les falaises sont capables de survivre à la tempête suivante. C’est d’une finesse incroyable qu’on peut difficilement refaire, nous, les humains, alors tu te prends ce paysage en pleine face.

Les coques des bateaux sont les seules couleurs un peu vives de la plage voire même du village, avec la terrasse rouge et le manège qui clignote. Hormis ça, les couleurs sont très naturelles : le jaune des blés, les verts du golf, le blanc-gris- noir des falaises, le bleu-gris de la mer, et d’un coup tu as du rouge, du jaune, du bleu foncé flashy qui viennent trancher. En même temps, quand tu t’attardes un peu, il y a d’autres touches de couleurs : les bouées dans la mer. Les bouées se rattachent à quelque chose de vivant, à l’activité maritime, les casiers, les poissons. Ce sont des choses qui viennent contrecarrer l’image d’épinal, figée, d’un coup sur ce côté très gris de la mer, tu as ces petites touches de couleurs qui se détachent.

Au final il y a beaucoup de couleurs mais elles sont très liées entre elles, comme si elles appartenaient à une même palette. C’est aussi un lieu de vie Étretat, on n’est pas juste dans un espace contemplatif de la nature. On a toute cette ville derrière qui est là et qui est active.


 

Mon paysage

J’ai l’ensemble des éléments paysagers que j’ai envie d’avoir : le fond de vallée avec le village, les toits en ardoise, la brique rouge, les différentes villas sur les coteaux, des arbres, différents des pins parasols et puis ces champs avec les poteaux électriques, l’horizon, le golf, le sentier côtier qui remonte, les falaises sur lesquelles tous les gens s’agglutinent, et puis cette dentelle, ce plongeon dans la mer ...

Mais, j'ai plutôt envie de regarder le village. Ça fait vraiment station balnéaire. Le manège casse un peu l’ambiance des grandes demeures et des grands hôtels : d’un coup, tu as la culture populaire qui s’invite. Les bateaux ne font pas bateaux de pêcheurs, ça fait loisirs.

Et puis il y a les volets fermés des grandes villas. Ça fait vraiment villégiature, lieu de vacances pas toujours habité. Le manège donne un peu de vie à tout ça. Pour autant, je ne trouve pas que ça fasse endormi, on voit des gens qui déambulent, des gens sur la plage, sur la falaise, même si tu sens que ce sont des balades touristiques. Il y a beaucoup de langues étrangères ça redonne un aspect quotidien malgré le contexte.

Dans mon paysage, il y a aussi la végétation. L’herbe avec les pâquerettes, c’est un endroit agréable qui sent bon, où tu te fais secouer par le vent. On voit que l’endroit n’est pas utilisé sans arrêt, l'herbe est assez haute. C'est assez doux ici. Il n’y a pas cette violence que tu as sur le bord de la falaise quand le vent se déchaîne, que tu as tous les éléments de la tempête, renforcés par les barbelés. Ici, c’est champêtre, les marguerites... Le petit pin parasol est vraiment intégré au paysage. Il rappelle le vent avec son côté penché. Je le trouve plus intégré que les buissons très taillés autour des Jardins. J’aime bien la sculpture des deux personnages dans le cercle, on a l’impression que l’un d’eux marche sur les toits de la ville.


 

En sursis

Globalement, c’est animé, vivant. L’ambiance est douce, mais ça peut très vite changer, il y a cette question d’équilibre avec la falaise. Ici, on est un peu en retrait mais tu peux rapidement être pris dans la tempête, il y a la mer, grise, plate, mais très vite elle peut venir taper très proche des habitations. On a vu des vagues passer au-dessus de la digue. Ça donne un sentiment de sursis. La falaise me donne cette impression que les choses sont suspendues. Il y a un sentiment d’attente dans la ville. Elle est dans un écrin de verdure, protégée mais elle est aussi coincée dans sa vallée et elle attend : la mer peut remonter et tout engloutir. Il y a un côté glaçant. Le temps d’aujourd’hui rajoute à ce sentiment : on est dans un temps suspendu, il y a un peu de vent, tu ne sais pas s’il va pleuvoir. La falaise est très découpée. Il y a comme des à-coups dans leur découpage et en même temps une continuité, c’est très progressif, c’est le calme avant la tempête. Il y a une ferme tout en haut, on a l’impression qu'elle est abandonnée.

C’est un temps suspendu qui peut basculer."

Sarah, Étretat,

le 30 juin

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