top of page

"La maison d'Étretat"

IMG_0684.JPG

Étretat, un spot qui n'est pas pour moi

 

Je suis havraise, je ne suis venue à Étretat qu’une fois, j’avais 33 ans. Quand je voyais les images sur France 3, je me disais : « c’est beau », mais Étretat, ce n’est pas une plage pour moi, c’est une plage de riches, les petites rues comme ça, je n’aime pas trop y aller, on est serrés. J’aime bien quand c’est mixte, ici ce n’est pas mixte du tout. Deauville, c’est mixte, il y a les Parisiens qui viennent.

Je préfère Aquacaux. Ça m’a beaucoup marquée, la première fois que j’étais sur le parking, je ne m’attendais pas à découvrir la plage. C’était marée basse, on voyait le sable. Après, à chaque fois que j’ai eu besoin de respirer, j’allais à Aquacaux. J’écoutais mon son, je restais dans ma voiture, ou je mettais ma chaise pliante à côté, je ne descendais pas sur la plage, mais je me mettais au bout, je voyais la mer.

Je me souviens aussi des paysages en Mauritanie. Il y avait des grandes étendues, et juste nous et notre voiture, pas un seul arbre. Je découvrais, mais j’étais jeune. Je crois qu’on ne regarde pas pareil le paysage quand on est jeune, je ne sais même pas si on le regarde vraiment. Je me souviens de la plage : d’un côté il y avait tous les poissonniers, et de l’autre on pouvait se baigner. Mais la mer était trop salée, et ça sentait trop le poisson ! 

Et finalement, sur le chemin …

Passer par cette route, ce n’est pas du tout pareil que si on rentre dans le village. La vue est trop belle ! Je ne pensais pas qu’on allait voir ça. C’est agréable, on marche et d’un coup, il y a un trou dans les arbres et on peut apercevoir la falaise, c’est comme une surprise. Je me dis que l’hiver, sans les arbres, on doit découvrir encore plus la « Pointe », ça doit être magnifique. Mais, c’est beau aussi de la voir à travers les arbres, il y a un beau contraste entre les couleurs de la mer, c’est un peu brumeux et le vert des arbres est très tranché. On n’a pas l’impression d’être en Normandie, à côté de chez nous. Des fois, je me dis : « il y a ça chez nous ! »

Rien que la vue, ça te fait changer les idées. Ça influence l’humeur, ça fait du bien : ce sont des espaces où on ne se trouve pas enfermés, on est vraiment libres, il n’y a rien autour, c’est la nature. Et là, il n’y a pas beaucoup de gens. Quand il y a trop de gens, tu ne vois pas la nature, tu te concentres sur autre chose. Là, tu peux profiter, tu n’es pas dérangé par le bruit, je préfère. Je suis un peu solitaire. Venir comme ça, en fin de journée, ça permet de mieux profiter. Et puis, la route sans voiture, c’est parfait. On est presque dans un chemin.

C’est agréable de découvrir cet Étretat-là, un peu caché. D’ailleurs, c’est comme les maisons, ce n’est pas comme dans le village, les maisons, elles sont cachées … c’est exprès ?


 

Le choix du tableau

Dans mon cadre, je veux voir la maison, l’Aiguille. C’est mortel ! Normalement, tu ne peux pas prendre une photo de la « pointe », il y a toujours du monde sur ta photo. On ne dit pas la « pointe » ? Pourtant ça ressemble plus à une pointe qu’à une aiguille !

Ce que j’aime ici, c’est qu’il y a tout ce qu’il faut : la mer, la campagne, une maison... je m'imagine que c’est ma maison, mon mari me l’aurait construite. C’est agréable de vivre là-dedans, tu domines tout le paysage, tu profites en étant seul, en entendant le bruit de la mer. On entend aussi les voitures, ça ne gêne pas du tout, c’est trop loin, c’est presque même agréable parce qu’on est privilégiés de ne pas avoir ce bruit à côté de nous. Et il y a le son des animaux : les oiseaux, les vaches ; la mer, on ne l’entend pas trop, elle n’est pas agitée. Le bruit des vagues ça apporte la tranquillité, ton esprit est libre, c’est apaisant et répétitif, ça rassure un peu ; on a envie de s’endormir tranquillement, les soucis s’échappent ici. Ça change de Caucriauville. Des fois, tu as envie de te poser tranquille sur ton balcon, et il y a une moto qui surgit...

 

Je me demande comment ça ferait avec de la pluie, un gros vent… je n’aurais pas envie de dormir. Avec le soleil, on s’imagine s’allonger, on ne fait qu’un avec l’herbe, le ciel, la mer. Avec la pluie, on est extérieur au paysage, on a envie de s’en protéger. C’est beau, mais c’est comme s’il était contre nous parce qu’on a froid, on est mouillés, il y a le vent qui nous pousse. On se bat un peu contre lui. Il nous rappelle que la nature est plus forte, qu’on est petits. 

Je ne voulais pas qu’on voit trop l’Aiguille, c’est trop classique. Et on aurait parlé que de ça alors que ce n’est pas ce qui me marque. En fait ce paysage sans l’Aiguille, ça aurait été. Du coup Étretat sans Aiguille, il y aurait moins de monde mais avec un paysage tout aussi magnifique.

Il y a un banc dans mon tableau, ce n’est peut-être pas utile, sauf pour les personnes plus vieilles.


 

Et autour du tableau

Je vois l’église. Elle est bien placée. Si j’étais catholique, ça me ferait plaisir de prier là avec une vue comme ça, elle est vraiment sereine, toi seule avec ton dieu, rien autour, dans la nature…

Le panneau devant la maison, c’est moche, mais sinon, ce sont des éléments naturels, il n’y a pas la main de l’homme, sauf les barrières, l’herbe qui a été tondue, la route, les roulottes… oui, il y a un peu la main de l’homme, mais ça passe.

Dans mon cadre, j’aurais peint des personnes mais en même temps, je n’ai pas envie de les mettre dans mon tableau. J’aime bien Monet. Un jour, j’irais à Giverny. Là, je suis peintre, il me manque juste les pinceaux, mais c’est moi qui peins c’est un peu ça... c’est moi qui choisis ce que je veux mettre à l’intérieur. Par exemple, il y a des vaches à côté de moi, mais pas dans mon cadre, ça ne me gênerait pas si elles y étaient. Elles sont chez elles ici.

En fait, c’est difficile de choisir ici tellement tout est magnifique."

Assa, Etretat

le 31 mai 

bottom of page