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"Les 3 pics"

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"Un rêve d’enfant

Je suis venu une fois déjà, je n’avais rien en tête de particulier. Je ne sais même pas si j’avais fait le rapprochement entre Étretat et l’arche. Je ne connais pas bien la Manche. Ce qui m’a surpris, c’est les silex partout, l’association avec la craie. J’aime bien les silex, ça me fait rêver ; quand j’étais petit, je cherchais des silex pour faire des étincelles. Et là, il y en avait partout !

Ce chemin est typique : avec la brique, les toits en ardoises ; la végétation particulière, variée et humide. Ce ne sont pas des essences qu’on voit à Marseille. L’air est humide, parfumé… un air marin. Il y a un effet de l’air sur la peau, les cheveux sont plus doux, et le nez moins sec. Ça fait une vraie différence avec le Sud. Ça modifie mes sensations, les voies respiratoires sont dégagées. Ça me fait ça aussi à l’Océan. Ça sent la mer. La Manche ça sent plus le fruit de mer, un peu comme en Bretagne, c’est la marée. C’est comme quand tu manges une huître, c’est l’iode, qu’il n’y a pas à Marseille.


 

Le temps qui passe

C’est beau ! Ça me fait du bien. L’espace, la grandeur et la vue dégagée. Je pense au temps, à notre caractère éphémère. Je pense à ce truc qui est là depuis tellement longtemps, et qui va rester encore tellement longtemps. Il en a vu d’autres ce paysage, des tempêtes, des époques humaines et non humaines. C’est là, c’était là. L’arche et l’aiguille c’est comme une prolongation de la falaise et ça confirme l’usure du temps. On la voit surtout en bas sur les traces qui restent dans la mer, les bouts de roche qui émergent, ça annonce ce que sera l’aiguille. On voit bien qu’elle a subi, subi, subi, mais ça prend tellement de temps qu’on ne voit pas la progression. Elle en verra d’autres et on ne sera pas là pour voir ça. C’est très visible l'endroit où la mer frappe, là où la marée a une influence directe sur le caillou, on voit l’érosion, les marques des marées, les lignes plus foncées qui trempent.


 

Mon paysage

Je ne pensais pas que ce serait aussi évident en termes de perspective, qu’on pourrait voir les 3 pics. Chaque chose fait écho à la nature là-bas. Pour le coup, en termes d’habitation de l’espace, je trouve ça intéressant d’avoir eu cette idée-là.

Ça m’intrigue l’écho de l’église avec cette sculpture en béton. Ça m’intrigue de savoir qu’on a eu cette idée-là. Je ne sais pas ce que raconte cet alignement de l’aiguille, du clocher et du monument. Je regarde toujours la falaise parce que c’est ce qui est le plus riche en détails : la verdure, les lignes de minéral, de craie, et de silex, les détails sont infinis. On ne devine pas du tout d’en bas cette perspective.

Tu es un peu en retrait ici, comme un endroit de repos, il y a le vent toujours, mais moins que près de la falaise. J’entends la mer au loin, j’entends les feuilles des arbres. Et surtout je prends du recul sur ce paysage tellement riche.

Le paysage rafraîchit les idées, en ouvrant les yeux, tu as une vision plus ouverte. Ça fait du bien, tu ne te sens pas enfermé dans des pensées qui tourneraient en rond. Le fait d’avoir l’horizon vraiment dégagé au fond, ça libère, ça ouvre.

J’ai fait le choix de voir les constructions parce j’aime bien le côté ancré de l’église.


 

Le vent

Il y a une résonance. Les couleurs de la mer sont différentes de celles de la Méditerranée qui est plus foncée, bleu marine. Ici, la mer a des tons clairs, gris vert. Le vent n’est pas le même non plus. A Marseille, le mistral souffle constamment, mais avec des rafales en plus. Ça change beaucoup. Le mistral est latent, il reste, jamais ne s’arrête. Là, tu as une constance, ça semble plus stable. Ici, tu es actif, tu n’observes pas les choses de la même manière. Le fait qu’il y ait du vent, ça donne envie de se mettre à l’abri, ou alors on continue d’aller voir les alentours. Si tu marches contre le vent, c’est un adversaire, il souffle dans les oreilles. Il a une influence sur le paysage. Le vent marin attaque les roches et toi, tu le sens aussi sur ton visage, ta peau..."

Léo, Étretat

Le 29 juin 

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