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"C'est beau une ville le jour"

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"La Statue des Jardins d’Étretat

 

J’ai eu envie d’un paysage qui changeait de ce que l’on voit d’habitude. J’aime les toits des maisons, la vue de celles du village et puis des plus luxueuses.

J’avais envie d’avoir la statue des Jardins également.

J’aime beaucoup cette statue, ça me fait penser au cirque. J’ai des amis circassiens qui pratiquent « la roue de la mort ». Il n’y a pas de possibilité d’avoir de filet si tu marches en haut. Cette statue me fait penser à ça, je la trouve belle, j’aime la façon dont les personnages sont réalisés, la disproportion entre le cercle et eux. Je trouve ça agréable d’avoir ça dans les Jardins. C’est un très bel endroit. Bon, là, dans mon tableau, il y a le calvaire… ça n’est pas forcément ma tasse de thé.

 

Ça donne une bonne idée de ce qu’il y a dans les Jardins d'Étretat, ça peut donner envie d’y rentrer parce que finalement, ils sont peu visibles de l’extérieur, il y a des haies tout autour. C’est bien aussi que les gens qui n'y vont pas puissent en profiter un peu, que ce soit visible de l’extérieur, qu’il y ait un lien entre la route, la chapelle, l’Aiguille, le village et les Jardins.

 

C’est aussi une façon de cadrer le paysage ce cercle, de voir la ville à travers. J’imagine que lorsqu’on vit en bord de mer, ça peut changer la perspective, on peut avoir envie de voir autre chose, parce que l'Aiguille... ça peut être lassant peut-être.

 

 

Chat sur un toit…

 

Voir les toits, voir la ville d’en haut, ça change le point de vue. Les maisons sont belles, l’articulation des rues est harmonieuse, les maisons font entretenues, elles font protégées, comme nichées, elles se tiennent chaud. Je suis profondément citadine, la ville, ça représente la vie.

J’aime imaginer les gens dans ces maisons ; même si on ne voit personne, ça ne me gêne pas pour imaginer.

 

Je regarde la mer, je me dis qu’il doit y avoir des dauphins, mais on ne sait pas... La mer, c’est mystérieux, la vie est sous l’eau, mais ces fenêtres le sont tout autant : des gens y vivent et on ne les voit pas. Il y a un mystère derrière ces fenêtres. Tu ne vois pas de vie et pourtant elle est là.

 

Le village est un peu fouillis, on n’a pas cette impression lorsqu’on y est. J’aime voir les toits orientés différemment, ils donnent l’impression de s’enchevêtrer. Les toits, ça me fait penser aux chats et aux dessins animés…

Il y a une unité avec les tuiles grises et puis d’un coup, lorsque le regard s’écarte un peu, il y a des pointes de couleurs. J’aime les maisons colorées. Certaines peuvent être trop présentes… les jaunes. Ça ressort dans quelque chose de relativement uniforme. Je ne trouve pas qu’il y ait de mauvaise harmonie malgré tout. Ça met de la fantaisie dans quelque chose qui pourrait faire un peu artificiel.

​Je préfère le village vu d'en haut que lorsque j'y suis. C'est trop surfait et je n'aime pas du tout le front de mer.

 

Et puis il y a « les belles demeures », et là, ça raconte autre chose : on n’est plus dans les petites maisons de pêcheurs, c’est la richesse, le côté bourgeois d’Étretat, ça renvoie au 19ème siècle plus qu’à aujourd’hui. Il y a un petit côté suranné, villégiature.

Ça fait partie de la ville et de ce qui a contribué à la rendre célèbre. Je trouve ça beau architecturalement, mais je n’aurais pas envie d’y vivre. Il y a trop de monde, c’est surfait, surestimé… l’Aiguille creuse, bon d’accord, mais il y a d’autres endroits de falaise qui sont chouettes. Je n’ai plus ce sentiment si je regarde la mer, si mon regard porte vers la falaise du côté de Fécamp. Ça ne me raconte plus le tourisme, c’est l’évasion.

 

Le coquelicot et l'arbre rouge

 

J’aime avoir le premier plan de mon tableau avec les herbes, le vent qui caresse. J’adore le coquelicot, c’est une plante fragile, évanescente, des pétales qui remuent au vent et j’aime sa symbolique. J’aime aussi les grains de couleurs qu’elle ajoute à un paysage assez monochrome, surtout que le temps est gris.

A me focaliser dans ce cadre, je vois aussi les différents plans : il y a d'abord eu les toits, puis les demeures, puis les herbes au premier plan et là, je regarde le côté vallonné, je plonge, puis je rejoins le village, je remonte, mais tout ceci est harmonieux. Il y a la vallée à gauche, ça remonte également sur le golf.

J’aime la perspective et le fait que les falaises soient à notre hauteur. Il y a aussi cette variété de verts différents, certains sont de notre région, d’autres sont presque méditerranéens comme le vert des pins maritimes et des palmiers. J’aime ce mélange auquel on ne s’attend pas. Il y a ces surprises de la végétation que l’on n’a pas dans les Terres parce qu’il y fait trop froid. Et ça, c’est quelque chose qui nécessite de se poser et de regarder autre chose que l’Aiguille. Je vois un arbre rouge, puis un énorme pin maritime, je trouve ça majestueux : la coupole qui chapeaute l’ensemble et sous laquelle on aurait envie de se mettre à l’ombre.

La nature est vivante... et il y a tout ce qu’on ne voit pas. De vivant, il n’y a pas que les êtres humains, et ça c’est secret. Le vent fait bouger les plantes, les arbres. J’adore le vent,… je prends un bol d’air, ça me donne de l’énergie. Ça participe complètement au paysage : les oiseaux adaptent leur vol, jouent ou luttent avec lui, on le voit passer dans les arbres et dans les blés, le paysage ondule avec lui et puis on l’entend, on sait qu’il a amené des graines jusqu’ici, il y a du blé ou peut-être de l’orge sur le chemin et autour de la chapelle. "

Isabelle, Étretat

le 11 juin 

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